L’année dernière, en vue de la rentrée en Cours Préparatoire de ma fille en septembre, je me suis rendue à la réunion d’information de son école primaire (en Langue Majoritaire).
Cette école a la spécificité d’avoir des sections internationales, dont certaines en anglais (pour ceux qui ne connaissent pas le système, les élèves reçus à ces sections reçoivent 6 heures de cours dans cette langue, et au terme de la scolarité passent un Baccalauréat International, reconnu par l’Education Nationale française et anglaise). Très peu d’écoles publiques proposant ce système très prisé, les listes d’attentes sont longues et il y a un nombre vraiment ridicule de places chaque année, attribuées aux élèves ayant réussi le test d’entrée.
Cette session d’information était pour tous les parents, indépendamment de leur enfant ayant une place ou non dans ces sections; et un parent français, visiblement pas familier avec le système des sections internationales, a simplement demandé si son enfant ayant une place dans cet établissement pouvait lui servir de raccourci aux sections bilingues plus tard. La directrice lui répondit un brin narquois que ce n’était pas le cas et que “Ce n’est pas parce qu’un enfant regarde Dora l’Exploratrice en anglais une heure par jour qu’il est bilingue”. Bien qu’elle ai voulu le dire avec humour, J’ai trouvé sa réponse dénuée de sensibilité face à un père qui clairement posait une question dans l’espoir de donner une meilleur opportunité linguistique à son enfant, notre pays étant connu pour ne pas avoir un enseignement des langues étrangères très efficace.
Cette scène m’a rappelé ma propre amertume à la déception de ne pas avoir obtenu de place en section bilingue pour ma fille l’année antérieure. Cependant, cela m’a également rappelé quelle chance j’ai en tant que parent non-natif de pouvoir élever mes filles en langue cible. De nombreux parents n’ont pas le choix que de s’appuyer sur le système scolaire public, du fait qu’ils ne parlent pas de langue étrangère, et doivent donc se faire une raison avec ce que propose l’Education Nationale. Rare sont les enfants ici en France qui finissent leur scolarité vraiment bilingue (c’est à dire parlant comme un quasi-natif); personnellement je n’en connais aucun.
Alors si, comme moi, vous êtes un parent non-natif élevant votre enfant en langue cible, rappelez-vous lors de vos moments de doutes (nous en avons tous! 🙂 ) la chance que vous avez de pouvoir le faire.
Comme j’ai répondu une fois ironiquement à un proche qui me taquinait en me demandant qu’est ce qui se passerait si mes filles venaient à parler comme moi: “je leur souhaite de parler aussi mal que moi”. Choquant? Non, c’est tout simplement que je pense qu’il vaut mieux donner une chance à mes enfants de parler une autre langue avec quelques imperfections, que de m’appuyer sur un système scolaire en Langue Majoritaire qui ne fait pas ses preuves dans l’enseignement des langues étrangères.
Voilà de la matière à réflexion, en cas de doutes 😉
Article également disponible en anglais sur https://ourmlhome.wordpress.com/2018/06/29/food-for-thought-for-non-native-parents-speaking-the-minority-language-is-better-than-not-speaking-it-at-all/

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